Nous fêtons cette année les 10 ans de notre jumelage, nous aurons donc plusieurs initiatives cette année. Dans ce cadre nous avons une soirée théâtre  à Champniers le 11 mars à 18h suivi d’un débat (autour de quelques tapas).

Titre « 927 » c’est l’évocation de la déportation à Matthausen de 927 républicains espagnols réfugiés à Angoulème. Seuls 73 reviendront. La pièce est le témoignage d’un rescapé.

 

Article paru dans la Charente Libre le 19 mars 2022 : 

Trois amis ont créé une pièce de théâtre sobre et très émouvante sur le sort de José Alcubierre, exilé espagnol déporté depuis Angoulême vers Mauthausen. La première se joue le 22 mars à Chasseneuil.

Je m’appelle José. Je suis rescapé de Mauthausen. Voici mon histoire. » Les premiers mots de la pièce plantent le sujet en plein cœur. La pièce « 927 » qui sera jouée pour la première fois mardi 22 mars à la salle des fêtes de Chasseneuil raconte la partie la plus tragique de la vie de José Alcubierre, qui, à 14 ans et alors qu’il avait fui l’Espagne de Franco avec sa famille en 1939, a été déporté depuis Angoulême dans le camp de concentration nazi de Mauthausen. Déporté le 20 août 1940 comme 927 autres Républicains espagnols qui, avant cette déportation, avaient été « placés » au camp de la Combe aux Loups à Ruelle puis celui des Alliers à Angoulême.

Les femmes et les enfants ont finalement été renvoyés en Espagne, laissant 490 hommes et adolescents aux travaux forcés. 73 ont survécu dont José Alcubierre. « C’est par un ami de l’association des Espagnols de Charente (Ndlr, Association des parents des familles espagnoles exilées en France, APFEEF), Luc Oriol, que j’ai découvert le témoignage de José Alcubierre. Il avait donné une longue interview pour raconter sa fuite de l’Espagne puis sa déportation à Mauthausen. Ce texte m’a beaucoup marqué », explique Hamed Hassoun, passionné de théâtre depuis des années, à la fois comédien et metteur en scène.

« Je suis sa voix… »

Hamed Hassoun a proposé à son beau-frère, Didier Gesson avec lequel il partage une « longue histoire commune de théâtre amateur » notamment par la compagnie La Pause théâtre, de jouer le rôle de José qui a vécu en Charente et est décédé en 2017 après avoir consacré une grande partie de sa vie à témoigner. Le texte a été adapté par Myriam Hassoun, la fille de Hamed Hassoun, journaliste et infographiste. Dans le rôle de José Alcubierre, Didier Gesson est étonnant de sobriété et de justesse : « Je suis sa voix pour raconter la période de la Déportation jusqu’à son retour à Angoulême, d’où il était parti. Il dit à la fin : ‘Je suis rentré à Angoulême, j’ai rencontré ma femme, on a eu trois enfants’.»

La pièce qui dure environ une heure et qui raconte de façon chronologique plusieurs « moments » des cinq ans de captivité de José Alcubierre, notamment la mort tragique de son père, est constellée d’images d’archives et de six chansons interprétées par Yannick Astoul. Ce musicien amateur passé par la chorale Calypso, s’accompagne à la guitare et interprète six chansons ayant une résonance avec le sujet de la pièce : le Chant des déportés ou Chant des marais, des chansons espagnoles ou catalanes, la chanson de Rina Ketty, dans son adaptation française : « J’attendrai ». « Je suis honoré de participer à la pièce. Ce sujet me parle beaucoup étant moi-même issu d’une famille de réfugiés espagnols », souligne cet enseignant à la retraite.

Les trois amis qui peaufinent la pièce depuis plus de deux ans – le covid avait éteint plusieurs représentations prévues – ont conscience que le sujet prend une réverbération forte avec l’actuelle crise en Ukraine. « Cette histoire nous renvoie à des événements contemporains, évidemment la guerre actuelle en Europe », appuie Hamed Hassoun qui veut que : « Cette pièce soit jouée. C’est la transmission d’un témoignage très fort. »